Le verdict a été prononcé par le président Arnaud .

En de matinée vendredi au palais de justice de Chalon, l’avocat général Frédéric Jacques a requis 5 ans de prison, éventuellement assortis pour partie de sursis, contre Marie-Pierre Pacqueriaud.

Une peine selon lui « adaptée au niveau intellectuel et moral indigent » a-t-il précisé sans précaution oratoire. « Votre enfant était parfaitement viable, il ne demandait qu’à vivre ! » a-t-il dit dans son réquisitoire. Il a reproché à la mère (poursuivie pour absence de soins, suivie de la mort de son nouveau-né) d’avoir menti plusieurs jours en prétendant que son bébé était mort né le 21 avril au domicile de Vitry-sur-Loire. Il a pointé son manque de compassion : « En avril 2012, cinq mois après le décès, le corps du bébé se trouvait toujours dans la chambre froide de l’Institut Médico-Légal de Lyon, en attendant qu’on s’occupe de lui. »

Le représentant du ministère public a aussi déploré le « défaut majeur » de cette mère de famille nombreuse : elle est incapable de tisser un lien affectif avec l’enfant qu’elle porte." Enfin, il l’a brocardée sur son inaction fatale, quand le bébé lui a échappé des mains dans la cuvette des WC : « Malgré la fatigue, une mère digne de ce nom aurait puisé dans l’énergie du désespoir de quoi sauver son enfant. Il suffisait de le prendre et le soulever par les pieds. »

Néanmoins, Frédéric Jacques a admis l’altération du discernement proposée peu avant par le D^r Zagury, psychiatre spécialiste du déni de grossesse. « Marie-Pierre Pacqueriaud présente une forme originale de déni de grossesse : le déni de l’inéluctabilité du terme de la grossesse. C’est à dire qu’elle sait qu’elle est enceinte mais elle ne sait pas qu’elle va accoucher » avait dit le psychiatre. Ainsi avait-il expliqué « l’improvisation catastrophique » lors de l’accouchement survenu par surprise.

Pour l’accusée, M^e Nicolle a demandé au jury de changer de « grille de pensée » eu égard à ce déni de grossesse et aux conditions d’accouchement dans la douleur et le dénuement de M.-P. Pacqueriaud. A 18h20 vendredi, après deux heures de délibération, le jury a condamné la trentenaire à 3 ans de prison avec sursis (avec reconnaissance de l’altération de son discernement), peine assortie d’une mise à l’épreuve et d’une injonction de soins.

Extrait du JSL du 25/09/2015